Faune sauvage autrefois - Ours en Anniviers

Anniviers qu'a vu l'ours

Extrait du livre "Suite et fin des Histoires heureuses et malheureuses du Val d'Anniviers" par Jean-Louis Claude - Lé Zéditions. Vissoie 2019

3. L'ours de Pinsec.jpg L’ours enfonça des écuries et dévora chaque fois un beau veau

Au début du 19ème siècle, la présence d’ours et de loups est encore fréquemment mentionnée dans diverses régions des Alpes et notamment dans le Val d’Anniviers.

Le dernier ours tué en Anniviers a été abattu en automne 1856 par Joseph Favre de Chandolin. Mais une tradition populaire affirme sans trop de détails que la patte clouée sur une poutre de la façade ouest de la maison bourgeoisiale d’Ayer, serait du dernier ours tué dans la vallée ; on situe l’abattage du plantigrade par un seul chasseur près du mayen des Moyes vers 1870. Dans tous les cas, les sources officielles assurent qu’aucun ours n’a été signalé en Valais après 1865.

L’ours abattu par Joseph Favre est vraisemblablement le dernier ours tiré en Valais et un des derniers spécimens vus dans le canton.

Dans les vallées alpestres, la faible implantation humaine a historiquement influencé les effectifs de la grande faune. Celle-ci comprenait encore au 16ème siècle un large éventail d’espèces : ours, loup, lynx, bouquetin, chamois, cerf, chevreuil, marmotte, lièvres commun et variable, tétras-lyre, gélinotte des bois, lagopède alpin, aigle royal et gypaète barbu, pour ne citer que les plus présentes dans les sources.

À partir du 19ème siècle, cette situation va changer et débouchera sur la disparition complète de plusieurs espèces : le cerf d’abord dans la première moitié de ce siècle, puis du bouquetin vers 1850-1860 au plus tard, l’ours en 1865, le loup et le lynx vers 1880 et enfin le gypaète en 1900.

Entre la fin du Moyen-Âge et le milieu du 19ème siècle, le refroidissement du climat lié au Petit Âge Glaciaire, sans s’avérer prépondérant, a contribué à décimer un gibier déjà affaibli ; mais une des causes de ce recul généralisé est principalement dans la « surchasse », résultat des besoins alimentaires de la population, de la lutte contre les dégâts causés par les prédateurs et les diverses peurs inspirées par des espèces pourtant parfois inoffensives, comme le gypaète, un charognard qui a également pâti des campagnes visant à supprimer ces animaux nuisibles. Les dégâts de ces derniers étaient nombreux et obligeaient à maintes reprises les paysans à organiser de véritables battues pour mettre les animaux domestiques à l’abri de ces bêtes sauvages.

Le gouvernement du Valais délivrait une récompense aux chasseurs qui abattaient un de ces animaux nuisibles. Ainsi le Code pénal pour le Bas-Valais, époque où les habitants de cette partie du pays étaient sujets du Haut-Valais, indiquait au chapitre 71, art. 1 : « Il sera permis à chacun de chasser et de prendre en toute saison toutes les bêtes dommageables, comme ours, loups, loups-cerviers (lynx) et les oiseaux de proie. Mais celui qui aura tué un ours, un loup, un loup-cervier, sera tenu de présenter la tête et la patte de devant à Notre Représentant et recevra de celui-ci trente batz pour un ours et autant pour un loup-cervier ». Les trophées décoraient parfois les façades des bâtiments communaux et le vainqueur de ces chasses périlleuses s’entourait d’un prestige durable.

L’OURS, UN DANGER POTENTIEL

Parmi la faune indigène suisse du Moyen-Âge, l’ours occupait une place prépondérante. Cet animal habitait de préférence les régions solitaires ou accidentées, des lieux sauvages, difficilement accessibles, à respectable distance de toute agglomération humaine. Une des raisons de la disparition de l’ours n’est pas la chasse, mais le défrichement des forêts, qui privait l’animal de son habitat privilégié.

Dans les Alpes, la réputation de l’ours avait bien moins mauvaise presse que le loup que l’on associait au Mal, car le christianisme en avait fait un suppôt du Diable. En effet, jusqu’en 1875, au Val d’Anniviers, certains conjuraient la crainte du loup par des prières et l’on raconte que seul les hommes s’occupaient du bétail dans les mayens, les femmes et les enfants n’osant pas s’aventurer loin du village pour cette raison. Pourtant aucun document concernant cette période ne mentionne un loup agressif en Valais. Le loup n’a guère attaqué les Valaisans mais les a beaucoup effrayés.

Dépourvu de l’aura maléfique du loup, l’ours s’avère un danger potentiel qui toutefois inspirait moins la peur chez nos populations montagnardes. La perception de ce plantigrade s’avère donc plus ambiguë que celle du canidé et ceci malgré sa dangerosité supérieure en cas de blessure ou de présence d’oursons. À part quelques rares attaques envers le bétail des alpages ou quelques pillages de mayens en raison des provisions de viande séchée, l’ours n’occasionne que peu de troubles. On relate seulement l’attaque mortelle d’un chasseur par un ours blessé dans le Val d’Hérens. Le dernier ours de cette vallée a été tué en 1830 à Hérémence par deux villageois ; un des chasseurs, voulant vérifier si l’ours était bien mort, eut le visage emporté d’un coup de griffes et est mort peu de temps après. L’animal meurtrier fut empaillé et offert au Musée d’Histoire naturelle de Sion. Cependant, il est probable que d’autres accidents doivent avoir été causés par l’ours. Notamment parce que jusqu’au 16ème siècle, le plantigrade se chassait souvent à l’épieu, ce qui constituait une chasse périlleuse. En outre, contrairement au loup ou au lynx, l’ours était comestible, dont la chair était appréciée et entrait également dans la composition de divers remèdes.

En automne, les ours visitaient les vergers proches des villages, sans préjudice physique pour les habitants. Vers 1830, il n’était pas rare de voir les ours descendre des montagnes d’Anniviers et d’Hérens vers les vignobles de la plaine pour se régaler de raisins. En 1834, un ours descendit dans une vigne des coteaux de Sierre. Un jeune homme qui chassait les oiseaux fut assez fou pour lui lâcher à bout portant sa charge de grenaille et assez heureux pour le tuer raide.

LES POIRES DE FRIBOUZE

Vers 1755, Simon Zufferey de St Luc possédait à Fribougze, entre les deux Pontis, en amont du chemin, un assez grand pré au milieu duquel était planté un poirier à haute tige du genre précoce. Un jour de septembre, sa femme Madelon lui demanda si les poires de Fribougze sont bien mûres. Simon lui répondit qu’un voisin, en rentrant de la plaine, avait remarqué que les fruits du poirier étaient bien jaunes. C’est ainsi que le lendemain matin, Simon accompagné de son fiston Jean, descendit de St Luc avec le mulet bâté ; Jean pour ramasser les poires et le papa pour différents travaux à Muraz.

En remontant le soir, Simon qui était allé inspecter ses vignes et contrôler son jardin, aperçoit son fils figé sur une branche de poirier, immobile. Il s’approche, et voit par terre les deux sacs vides, déchirés, complètement en lambeaux. Quant aux poires ? Bernique, rien, pas le moindre fruit. Que s’était-il passé ? Il cria à son fils de descendre de l’arbre pour expliquer tout ce désordre. Le fils, encore tout tremblant, lui raconta que quand il eut terminé de cueillir et de mettre les poires dans les sacs, trois affreuses bêtes sont sorties de la forêt en courant. Pris de peur en les voyant s’approcher, prestement il se réfugia au sommet de l’arbre pour leur échapper pendant que ces hideuses bêtes s’empressaient de dévorer toute sa récolte de poires. Finalement, elles se sont amusées à déchirer les deux sacs, puis lentement se sont éloignées vers la forêt. Jean resta donc perché en haut de l’arbre, dans ce refuge inconfortable jusqu’à la venue du père. Ce dernier lui dit alors :

- Mon pauvre garçon, les trois bêtes qui ont dévoré nos poires, d’après ce que tu m’expliques, étaient bien des dangereux ours. Tu as donc bien agi de te réfugier là-haut sur l’arbre, sinon ils t’auraient certainement égorgé. N’ayant pas d’armes, dépêchons-nous de quitter ces lieux afin que nous ayons dépassé les Pontis avant la nuit. À partir de là, nous serons hors danger.

UN MÉLÈZE SALVATEUR

Le fils de Simon avait eu le bon réflexe de se réfugier en haut du poirier pour se protéger des ours, mais il ignorait que ces plantigrades peuvent également grimper aux arbres. Ils ne devaient pas être bien méchants, seul les fruits les intéressaient et non la chaire humaine. Par contre l’histoire de Joseph Zufferey de Chandolin vers le milieu du 19ème siècle aurait pu mal se terminer.

Joseph quitta Chandolin un jour de mai pour descendre en plaine pour les ébourgeonnements. Il prit son fusil, si des fois il rencontrait de la viande fraîche. C’était un vieux fusil qu’on bourrait par la gueule de poudre, de grenailles, de pointes de fer et quand on tirait ça partait comme autant de flèches. Arrivé à Couquelle, à la limite de Loèche et Chandolin, il rencontre un ours. La belle affaire ! Il vise l’animal, tire et malheureusement blesse l’ours qui aussitôt le charge. Joseph se lance alors sur un mélèze perpendiculaire au roc, geste qui certainement le sauva. Il resta ainsi dans cette posture fâcheuse, alors que l’arbre par moment penchait dangereusement dans le vide.

Quant à l’ours, il se coucha sous un sapin, se frappant la poitrine avec la patte où il avait mal : mea culpa ! Puis au bout d’un laps de temps, il repartit dans la direction des coteaux de Sierre.

Quelques jours plus tard, à la ferme de Finges, on s’est aperçu que les chiens de garde arrivaient toujours repus. Un jour les métayers les suivirent et trouvèrent les restes de l’ours que Joseph avait blessé, presque entièrement dévorés.

L’OURS DE PINSEC

Si aujourd’hui dans le Val d’Anniviers les histoires d’ours se sont pratiquement effacées de la mémoire collective, elles demeurent inscrites en quelques lieux, comme la patte de l’ours sur la maison bourgeoisiale d’Ayer, mais aussi il n’y a pas si longtemps on pouvait admirer une superbe paire de pattes avant d’ours qui surmontait la porte de la maison de la famille Caloz du hameau de St-Jean-d’en-Haut. Tuer un ours relevait de l’exploit et conférait au chasseur une réputation d’homme vaillant et courageux. Les pattes du plantigrade abattu constituaient un trophée envié et elles étaient souvent clouées au-dessus de la porte du domicile du héros.

Une histoire a longtemps effrayé les petits et les grands lors des veillées qui racontait comment six courageux Anniviards avaient participé à une expédition punitive afin de tuer un dangereux ours qui avait dévoré quelques beaux veaux gras dans le hameau de Pinsec. On connaît l’histoire grâce au procès-verbal authentique dressé par l’abbé Gillet, curé de la paroisse de Vissoie, qui a fait passer à la postérité les six hommes de Pinsec lors de cette fameuse battu du 11 avril 1811 :

« L’an 1811, dit le procès-verbal, entre le 7 et le 8 avril, comme l’on a pu conjoncturer par les pas marqués dans la neige, un ours d’un poids prodigieux, qui avait reposé pendant l’hiver dans les environs du village de Pinsec, rière la commune de Vissoie, s’est réveillé et est sorti de son gîte de meilleure heure qu’à l’ordinaire. La nuit du 9 au 10 dudit mois, il enfonça des écuries et dévora chaque fois un beau veau gras ; celle du 11, il voulut continuer ses désastreuses opérations, mais le propriétaire de l’écurie à laquelle il heurta, ayant attaché à sa porte des tranchants, il s’y blessa les deux pattes en les y appliquant pour l’enfoncer, ce qui l’obligea à renoncer à son dessein et à se retirer dans la forêt voisine. Aussitôt, six particuliers dudit village, nommément Jean Massy, Antoine Bourguinet, Georges Abbé, Jospeh Savioz, André Bonnard, Augustin Solioz, comme autrefois les trois Suisses, se liguèrent et jurèrent la perte du tyran.

Nouveaux, mais dignes Français, ils prirent pour devise : « Vaincre ou mourir » et, armés d’un seul fusil très simple, avec des triques, lances, haches etc., ils suivirent ses sanglantes traces, le découvrirent et attaquèrent cette furieuse bête. Si leur valeur n’eut suppléé à la faiblesse de leurs armes, ils en eussent été tous dévorés; car le premier d’iceux lui ayant vainement appliqué un coup de balle, ce monstre, en étant devenu que plus farouche et s’étant retourné vers lui, gueule ouverte, il lui brisa la crosse de son fusil sur le nez, et les autres aussi braves que fidèles, achevèrent de le tirer de l’imminent danger où il était de périr, en faisant pleuvoir sur l’ennemi commun une grêle de coups de triques, de lances, etc.

Voyant cependant qu’on ne pouvait l’arrêter avec de si chétifs instruments, on fit apporter un fusil rayé et appeler quelque renfort. Mais, avant que celui-ci pût être mis en usage, il présenta encore ses dents voraces à Augustin Solioz qui, non moins courageux que le premier, lui enfonça sa lance au front qui, dans un instant, fut mise en pièces. Enfin, un second coup de balle sortit du fusil rayé et une nouvelle grêle, principalement de cailloux, l’achevèrent ».

Ayant appris cette heureuse issue de la lutte, le maire de Vissoie se hâta d’en aviser le préfet. Son Excellence lui répondit qu’il fallait en toutes circonstances semblables dresser un procès-verbal et lui expédier la tête de la bête tuée qui serait rendue aux porteurs, dûment marquée, afin qu’on ne pût la présenter une seconde fois. Aussitôt après réception de l’un et de l’autre, elle ferait payer à celui ou à ceux qui ont opéré cette destruction les 18 francs accordés par le gouvernement… En post-scriptum, elle demandait à acheter la peau de l’animal qui appartenait à ses héroïques chasseurs de Pinsec.

L’OURSON DE PLAN-PALET

À la fin du 18ème siècle, par un beau jour de printemps, une famille de paysans de Niouc s’en alla dans la forêt de Plan-Palet, non loin du village, pour y ramasser de la litière pour le bétail. Alors qu’ils prenaient leur repas de midi ils aperçurent soudain un ourson sortant de la forêt, apparemment désorienté. Insouciant, le petit ours s’approcha de la famille qui pour la plus grande joie des enfants se laissa cajoler. On lui donna du pain de seigle, de la tomme. Il se régala gloutonnement, sans souci. L’heure de rentrée sonna et l’on se mit en route, suivi de l’ourson devenu docile. Voyant que la petite bête avait du mal à suivre, la fille aînée le prit dans ses bras jusqu’à la ferme. De peur qu’il s’en échappe on l’enferma dans le dortoir du raccard. Le petit animal se retrouvant seul, se mit à pleurer et à gémir fortement.

Vers huit heures du soir, toute la famille étant réunie autour de la table s’apprêtant à aller se coucher, entendit tout à coup au dehors un cri terrible. L’ourson à ce moment redoubla ses plaintes jusqu’à devenir un véritable vacarme. Le père de famille comprit de suite que la mère de l’ourson venait chercher son enfant. La colère aidant, de ses pattes antérieures, l’ourse déchaînée saisit un pilier du raccard, faisant dangereusement osciller le bâtiment. La situation devenait périlleuse, impensable d’ouvrir la porte car l’ourse pouvait pénétrer dans le raccard et égorger toute la famille. Cette dernière se réfugia alors à l’étage supérieur, laissant voler en éclat la porte par l’animal devenu furieux. Parmi les débris de bois jonchant le sol la mère saisit son petit et l’emporta rapidement hors de l’habitation.

Par la lucarne, la famille vit déguerpir en direction de la forêt toute proche, la mère en tête, accompagnée de ses trois petits qui la suivaient. Toute la famille passa la nuit blottie inconfortablement sur le galetas. Le lendemain matin, après avoir réparé la porte, tout rentra dans l’ordre, laissant à tous le souvenir douloureux de l’hébergement de l’ourson de Plan-Palet.

L’OURS DE NIOUC, LÉGENDE OU RÉALITÉ ?

De la plaine, la vaste forêt de Finges grimpe le long des parois abruptes du Corbetschgrat, atteint l’Ochsenboden puis Beauregard ; de là, le bois décrit un demi-cercle immense au midi de Niouc, descend au fond de la vallée près de Fang pour remonter sur la rive opposée dans la direction de Vercorin.

Autrefois, dans cette forêt ancestrale, le gibier abondait et se trouvait très à l’aise. C’était surtout le cas des ours qui se sentaient dans leur domaine. Rien ne manquait pour satisfaire l’appétit de ces plantigrades : fourmis, lièvres imprudents, baies sauvages, miel appétissant, bref tout ce qu’il faut pour rendre heureux les ours.

Les soirs d’été, les ours s’enhardissaient dans les propriétés de Niouc, Crouja, Fang où ils dévalisaient les arbres fruitiers. Ils en voulaient surtout à ces petites cerises de montagne, douces, parfumées et savoureuses.

Furieux de voir ses cerisiers pillés par ces animaux sauvages, un paysan de Niouc résolut un jour de surprendre les voleurs.

Tout près d’un cerisier, il creusa un profond fossé qu’il recouvrit de branchages puis d’une couche de terre. Satisfait de son piège, l’homme rentra chez lui, content de son  travail.

Alors que la nuit venait à peine de tomber, sur la route conduisant au Pontis, un chaudronnier remontait la vallée pour aller vendre ses casseroles et chaudrons qui dansaient dans son dos faisant entendre un bruit monotone de vieille ferraille. Epuisé par son chargement l’artisan s’arrêta près du cerisier pour s’y reposer un moment.

« Voilà un endroit agréable pour bivouaquer » se dit-il.

À sa stupéfaction, il sent tout à coup le sol se dérober et le voilà qui tombe lourdement au fond du trou dans un grand vacarme d’ustensiles entrechoqués. Revenu de sa surprise, l’infortuné chaudronnier inspecte les lieux et constate qu’il est belle et bien prisonnier de cet endroit. Constatant qu’il est à l’abri du vent, il s’installe dans un coin, se disant qu’il verra bien demain matin comment se sortir de ce pétrin. Il s’endort profondément. Soudain, l’artisan est réveillé brusquement par une masse lourde et soyeuse qui vient de tomber sur lui, tandis qu’un sourd grognement lui fait reconnaître que son compagnon d’infortune est un ours. Dans l’obscurité deux yeux phosphorescents brillent et l’observent. Tout à coup l’animal pousse un cri peu rassurant et s’approche de lui. Instinctivement l’homme se saisit de sa ferraille et le cliquetis insolite tient l’animal en respect. Pendant toute la nuit les deux prisonniers se regardent dans les yeux et chaque fois que l’énorme plantigrade fait mine de se jeter sur le pauvre chaudronnier, casseroles et chaudrons font un vacarme d’enfer et l’ours apeuré se terre dans le coin du fossé.

Enfin après une longue nuit, le jour fait son apparition. Attirés par le tapage du chaudronnier, les gens de Niouc accoururent sur les lieux et le tirèrent de sa fâcheuse situation. Quant à l’ours, il passa de vie à trépas ; deux hommes s’acharnèrent plus particulièrement contre le pauvre plantigrade : le propriétaire du cerisier et le chaudronnier.

LE DERNIER OURS TUÉ EN ANNIVIERS

Le dernier ours tué dans le Val d’Anniviers a été abattu en automne 1856 par Joseph Favre de Chandolin. Le journal illustré La Patrie Suisse revient sur les faits en 1900 et raconte :

« Chasseur de race, Joseph Favre s’était rendu un jour de grand matin à l’alpe de Ponchettes, terre privilégiée des chasseurs de chamois : il se plaçait à l’affût, lorsqu’il vit quelque chose remuer tout près de lui. Un blaireau ! se dit-il. Mais un sourd grognement lui fit comprendre qu’il s’était trompé. Epauler son fusil et faire feu fut l’affaire d’un clin d’oeil. L’ours était blessé à mort, mais il avait eu le temps d’étendre sa patte d’un velours douteux sur la tête du chasseur et de lui enlever avec son chapeau une partie du cuir chevelu. Il roula ensuite dans l’abîme. Plus tard, on en trouva le cadavre, à peu près décomposé, au pied d’un rocher ».

L’ours abattu par Joseph Favre est présenté comme le dernier plantigrade tiré en Valais, après il semble qu’on n’en signala plus dans tout le canton.

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Une tradition populaire affirme sans trop de détails que la patte clouée sur une poutre de la façade ouest de la Maison bourgeoisiale d'Ayer serait du dernier ours tué dans la vallée

 par Jean-Louis Claude de Zinal

 

 

 

 

 

 

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