Extrait du "Parcours Anniviard de Sierre en Anniviers" - Adriana Tenda Claude
Remuage à Villa, Viouc, Muraz, Tservetta, Borzuat, Glarey, Noës
Quartier de Muraz. Au bassin Pause pendant les vendanges
Photos début XXe siècle
« C’est toujours un événement, à Sierre, au printemps et en automne, quand se répand la nouvelle : « Les Anniviards sont là ! » Les faubourgs de Muraz, Glarey, Zervettaz et Villa paraissaient bien vides et dépeuplés. Ils s’animent du jour au lendemain. A la messe du dimanche, la vaste église se remplit jusqu’aux bords. Partout un rythme plus vif se fait sentir. » Père jésuite Paul de Chastonay. « Au Val d’Anniviers », 1942.
Les Anniviards possédaient des champs, des prés, des bois, des pâturages et des mayens dans la vallée ; des vignes, des jardins et des vergers en plaine. En effet, ils étaient cultivateurs, éleveurs et vignerons.
Deux fois par année principalement, au printemps et en automne, la plupart des familles anniviardes se rendaient en plaine et s’installaient dans leurs habitations des quartiers de Sierre pour environ un mois ou deux. Les travaux de la vigne les plus durs, tels que le piochage et la taille des ceps, étaient effectués à ce moment-là. Plus tard, certains membres des familles se rendaient de nouveau en plaine pour attacher et traiter la vigne, mais aussi pour soigner les jardins et les vergers. Un deuxième séjour familial avait lieu pour les vendanges et les récoltes, ainsi que pour la Foire de Sainte-Catherine, le 25 novembre. Ces déplacements entre la plaine et la montagne portaient le nom de « remuage ».
L’école, qui durait six mois, suivait le cycle du remuage, dont les dates étaient fixées par les autorités locales d’après les départs des familles en plaine. Les frais d’entretien des écoles des quartiers étaient pris en charge par les communes anniviardes.
Les bourgeoisies d’Anniviers, qui rassemblent « les bourgeois », personnes originaires de l’endroit (du bourg), possèdent des vignes et des caves dans les quartiers de Sierre. Ces propriétés datent des XVIIe et XVIIIe siècles.
Les maisons des Anniviards et les bâtiments annexes formaient des quartiers qui présentent encore aujourd’hui une architecture spécifique et ont conservé leur propre identité villageoise. Chaque quartier reproduisait la même organisation de base du village de montagne avec le moulin, le four, la chapelle, la cure et l’école.
Quartier de Villa
Le quartier de Villa était fréquenté principalement par des personnes de Grimentz, Saint-Jean, Vissoie, Mission et Ayer.
Quartier de Viouc
Le quartier de Viouc était habité principalement par des gens de Chandolin.
Quartier de Muraz
Muraz, situé sur un coteau, s’aligne le long de son artère principale. Autrefois, il était le quartier le plus fréquenté par les Anniviards, habité principalement par des personnes de Saint-Luc et Chandolin.
Dès la fin des années 1950, avec la fin du remuage, la commune de Saint-Luc a laissé la charge de ses bâtiments publics (école, église, deux moulins, un four banal) à la ville de Sierre.
Muraz côtoie la commune de Veyras, qui recevait des familles en provenance de Fang, de Saint-Luc et de Chandolin. Les Anniviards de Veyras fréquentaient l’école et la chapelle de Muraz.
Quartier de Tservetta
Ce quartier était fréquenté par des habitants de Grimentz, Vissoie, Mission, Ayer, mais principalement de Saint-Jean. La visite du quartier de Tservetta commence par la Maison du remuage, située en bordure de la petite place Aloys Theytaz.
Borzuat
Le quartier de Borzuat se concentre aux bords de sa rue principale, le long d’une crête. L’emplacement des quartiers sur des arêtes, entre 530 et 800 m d’altitude, répondait à la nécessité de construire à l’abri des inondations du Rhône. Le quartier de Borzuat était fréquenté surtout par les habitants d’Ayer.
Quartier de Glarey
« Peut-on s’imaginer aujourd’hui, combien Glarey et les autres quartiers de Sierre habités temporairement par les Anniviards ont pu vibrer de mille bruits, odeurs, conversations, claquements de sabots des mulets et des chaussures à clous ? Pendant quelques semaines, au printemps et à l’automne, la vie a redoublé d’intensité, les appels se sont faits joyeux ou tristes, la solidarité spontanée s’est manifestée par le souci commun de la survie. » Simone Salamin. Saint-Luc, 2015.
Autrefois, Glarey était fréquenté principalement par des habitants de Saint-Luc dans sa partie supérieure. Le village de Saint-Luc avait créé en premier son quartier à Chippis, puis à Muraz et à Glarey d’en-haut. A Glarey d’en-bas vivaient de nombreuses familles haut-valaisannes et étrangères.
Quartier de Noës
Noës est probablement le premier village où des Anniviards sont venus s’établir lors des déplacements en plaine. Des habitants de Saint-Jean, Mayoux et Pinsec y séjournaient pendant quelques semaines, au printemps et en automne.
A la fin du XIXe siècle, Noës comptait environ quinze habitants, mais dans les années 1920, des familles se sont établies ici à l’année. La création en 1908 de l’usine d’aluminium à Chippis, avec plus de 2000 ouvriers, a offert de nouveaux emplois aux montagnards qui souhaitaient quitter la paysannerie. Peu à peu, plusieurs Anniviards ont décidé de vivre à l’année en plaine, en formant une catégorie nouvelle d’ouvriers-vignerons.
Les quartiers anniviards de Sierre ont alors été incorporés par les communes de Sierre, Granges et Veyras.
Extraits du Parcours Anniviard. Ce petit guide propose la découverte du Val d’Anniviers au fil de 16 postes = 16 points de vue incontournables = 16 thèmes spécifiques de l’histoire anniviarde. Il s’adresse aux personnes qui souhaitent découvrir le Val d’Anniviers dans son ensemble et peuvent se déplacer en voiture (durée trajet et arrêts : environ 4 h). En vente dans les Offices du Tourisme d’Anniviers et de Sierre : Fr. 15.-
A voir le reportage réalisé par le journaliste François Dayer pour la RTS en 1976 :
En 1976, l'émission TV-Contacts nous fait découvrir une des spécificités de Sierre. La cité valaisanne, en effet, a été dès le Moyen-Âge occupée par des habitants du Val d'Anniviers, qui y passaient seulement une partie de l'année pour s'occuper des vignes. Ainsi, chaque quartier regroupait les natifs d'un village et possédait sa propre mentalité. En 1976, le nomadisme anniviard n'est plus qu'un souvenir, mais l'esprit de Sierre, foi d'habitants, reste toujours marqué par ce passé.
Extrait du site de la RTS.
Par Adriana Tenda Claude
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