Article rédigé par Janine Barmaz pour "Les 4 Saisons d'Anniviers"
ARMAND AUX JEUX OLYMPIQUES
Cette année, les Mondiaux de ski alpin se sont tenus dans un pays où l’on n’avait alors pas le droit de skier, l’Italie. À Cortina d’Ampezzo, précisément là où eurent lieu, il y a 65 ans, les VIIes Jeux olympiques d’hiver.
Il ne doit pas y en avoir beaucoup des habitants de cette vallée qui ont eu la chance, un jour, de participer à des Jeux olympiques. Pourtant, en 1956, un Anniviard, que tout le monde ou presque connaît, participa à ceux de Cortina, en tant que membre de l’équipe suisse de ski de fond.
Soixante-cinq ans plus tard, Armand Genoud, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, a eu la gentillesse de se remémorer cette expérience particulière. D’une plume élégante, il a rédigé un condensé de son parcours sportif (cf. encart), qu’il a bien voulu commenter quelque peu.
Les premières années d’un skieur
C’est vers six ans qu’Armand a commencé la pratique du ski « sauvage », selon ses propres termes. En ce temps-là, les skis servaient essentiellement à se déplacer. Pourtant, depuis quelques années déjà, des compétitions étaient régulièrement organisées en Anniviers et chaque village faisait en sorte d’avoir une équipe pour l’y représenter. Les concours se déroulaient dans les villages mêmes : une piste était tracée simplement par le passage de deux ou trois skieurs. La distance totale parcourue était généralement de 12 à 15 km. Ces concours étaient un moyen d’animer la vie des villages et aussi pour les jeunes de se rencontrer et se connaître. Les spectateurs étaient nombreux au rendez-vous. Armand a commencé à participer aux concours villageois à l’adolescence. Il a pu y faire preuve de ses qualités sportives indéniables. C’est dans ce cadre que son talent a été repéré et cela l’a amené à rapidement intégrer l’équipe valaisanne. Par la suite, s’étant distingué dans diverses courses des championnats suisses, il a été retenu pour faire partie de l’équipe nationale. Membre de la Police cantonale valaisanne, il a dû obtenir l’autorisation de son employeur pour pouvoir accepter cette proposition élogieuse.
Amateurisme
À cette époque, les sportifs devaient s’équiper eux-mêmes. Tous les frais étaient à leur charge. Quant aux entraînements de l’équipe nationale, ils rassemblaient les athlètes tous les quinze jours pour quelques journées de travail en groupe. Le directeur technique fixait le calendrier et les sportifs se retrouvaient à différents endroits du Jura, de Berne, du Valais…
En 1956, Armand a été retenu dans la sélection helvétique pour les JO. Au sein de la délégation, il a assisté à la cérémonie d’ouverture à la patinoire de la ville. Le séjour à Cortina a duré une petite dizaine de jours. Chaque jour, les athlètes se rendaient sur le plateau de Cortina où Heikki Luoma, entraîneur venu de Finlande, leur enseignait la manière de skier. L’équipe comptait neuf fondeurs. Armand estime que ses performances le situaient au milieu du groupe. Il a participé à la course des 30 km et a terminé au quarante et unième rang.
Cette participation aux JO a été un plus dans sa vie de tous les jours, mais surtout dans sa vie de policier. En effet, ses supérieurs lui ont porté une plus grande estime grâce à cela. Sans doute que ses excellents résultats aux championnats suisses des policiers les ont confortés dans cette opinion.
Responsabilité
Il n’est pas possible de clore ce chapitre sportif sans évoquer l’engagement d’Armand au service du ski de fond valaisan dont il a été le dirigeant de 1967 à 1980. Il se souvient avec joie que durant son mandat, Edy Hauser, le fondeur haut-valaisan, a décroché la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sapporo, en 1972, avec le relais 4 x 10 km.
Son amour pour les Jeux, Armand l’a encore, vrillé au cœur et aux tripes. Son plaidoyer pour des joutes en Valais en témoigne ardemment.
Cortina d’Ampezzo est une station huppée située dans les Dolomites. Associée à Milan, elle accueillera à nouveau les Jeux olympiques en 2026, ceux-là mêmes que les Valaisans ont refusés. Depuis l’édition 1956, les JO font d’une certaine manière partie de son identité. Souhaitons que septante ans après Armand Genoud un sportif anniviard puisse y participer à son tour !
Janine Barmaz
Armand Genoud, Zinal
Je suis né le 06.07.1930 à Mission, je suis le père de cinq enfants. Commerçant, je possède, avec ma famille, un magasin de sport à Zinal. Le ski, la montagne, l’agriculture, les vaches et les combats de reines constituent mes hobbys.
Je me suis adonné au ski dès l’âge de six ans. À seize ans, je disputais les premières compétitions avec le ski-club Anniviers. Une année plus tard, je faisais partie de l’équipe valaisanne de ski de fond. Sur l’initiative de feus Messieurs André Martin et Roland Zufferey, de et à Vissoie, la population anniviarde m’a apporté une aide matérielle importante, appréciée avec dignité, respect, et surtout avec le cœur.
De 1954 à 1956, j’ai accédé à l’équipe suisse. Le couronnement de ma carrière intervint cette dernière année, où j’ai participé, en tant qu’athlète, aux Jeux olympiques à Cortina d’Ampezzo, en Italie. Je compte deux titres de champion valaisan des 15km. Dans cette discipline, une troisième et une septième places sont mes meilleurs résultats sur le plan suisse.
Policier à Sion, dès 1955, je participais aux courses de la gendarmerie jusqu’à 1966. Je devais prendre part à de nombreuses épreuves internationales. Aux championnats d’Europe à St-Moritz, j’emportais l’or du combiné (fond et géant). Je suis détenteur de quatre titres de champion suisse de ski de fond de police.
De 1967 à 1980 je devais diriger les destinées du ski de fond valaisan. J’étais également au départ pendant vingt ans de la course Sierre-Zinal, à l’organisation de laquelle j’ai longtemps participé.
J’ai cultivé dans le sport, la santé. Aussi j’ai aujourd’hui atteint nonante ans, avec quelques aléas de la vie. Dieu Merci.
Aujourd’hui l’Italie accueille à Cortina d’Ampezzo, les championnats de ski des temps modernes. Les Suisses brillent dans ces compétitions. Bravo ! 9 médailles.
Notre pays, la population valaisanne, devait accueillir les Jeux olympiques d’hiver. Le peuple a dit « NON » à 2026.
Je regrette cette décision. Pourquoi ? Parce que l’impact publicitaire des Jeux olympiques, en général, est tellement important qu’il est inestimable. Le Valais se veut moderne. Osons prendre la responsabilité d’organiser, dans un avenir proche, les Jeux olympiques Sion/Valais, dans l’intérêt d’un pays dont nous voulons protéger la noblesse et la beauté.
© Anniviers Tourisme - Web-design et création Yanis Chauvel