Faune sauvage autrefois - Loup en Anniviers

Extrait du livre "Histoires heureuses et malheureuses du Val d'Anniviers" par Jean-Louis Claude

Lé Zéditions. Vissoie 2015

Albin Brunner portant le loup d'Eischoll.jpeg Monstre du Valais.jpg

Albin Brunner et le loup d'Eischoll          Le monstre du Valais

Depuis 1995, quelques loups défraient à nouveau la chronique en Valais. Cet animal, que l’on croyait avoir éliminé de nos régions pour toujours au 19ème siècle, suscite aujourd’hui de vives controverses. Il y a ceux qui rêvent de le voir repeupler les forêts du massif alpin, et ceux qui s’opposent pour diverses raisons à sa présence. D’après la loi fédérale sur la chasse de 1988, le loup est une espèce protégée. Faut-il oui ou non accepter la cohabitation avec ce prédateur qui engendre de nombreuses polémiques ? Il y a 200 ans, la question ne se posait pas. Le Val d’Anniviers était infesté par une dizaine de loups qui effrayaient la population. L’Etat allouait des primes pour les exterminer.

Au 16ème siècle, le loup était encore présent dans toute la Suisse. À cette époque, la faune valaisanne était encore importante et comprenait un large éventail d’espèces telles que l’ours, le loup, le lynx, le bouquetin, le chamois, le cerf, le chevreuil, la marmotte, les lièvres commun et variable, le tétras-lyre, le lagopède, l’aigle royal et le gypaète barbu, pour ne citer qu’eux.

La surchasse, le braconnage et les ravages de prédateurs comme l’ours, le loup et le lynx au début du 19ème siècle sont responsables de la diminution et de la disparition de certaines espèces, dont le cerf dans la première moitié du siècle et le bouquetin vers 1850. Le dernier bouquetin du Val d’Anniviers a été abattu en 1806. Le refroidissement du climat, lié au Petit Âge Glaciaire, dans une moindre mesure, a contribué à décimer un gibier déjà bien affaibli.

Concernant le loup, sa disparition complète date du milieu du 19ème siècle, les derniers individus furent observés en 1890 en Ajoie dans le futur canton du Jura. Au 18ème siècle, les dégâts sont tels que des récompenses sont offertes par les autorités à quiconque tuera un loup ou d’autres animaux nuisibles. Ce sont ces primes très incitatives qui auraient finalement hâté la fin de ce prédateur dans les Alpes.

Peur du loup

En 1800, lorsque les Anniviards descendaient à Sierre pour leurs travaux agricoles et viticoles, ils entendaient quelquefois au-dessus des Pontis des hurlements de loups. La peur au ventre, ils se dépêchaient de quitter les lieux, en étant attentifs au bétail afin qu’une bête ne soit pas la proie de ce terrible prédateur.

Le loup n’a guère attaqué les habitants de la vallée, mais par contre les a beaucoup effrayés. Dans la chronique du Val d’Anniviers, on garde le souvenir d’une attaque d’un loup contre un jeune Anniviard qui a marqué les esprits. L’événement s’est passé en 1870 dans le village d’Ayer.

Pour ces montagnards, le loup n’a pas bonne réputation ; son regard oblique, la maigreur qu’il affiche, son pelage misérable, ses hurlements lugubres, son affreuse puanteur qu’il dégage font de lui un animal repoussant. Contrairement à l’ours qui tombe en semi-léthargie pendant l’hiver, c’est durant cette saison que le loup accomplit ses plus sinistres exploits dès l’apparition de la neige. C’est alors que, vu la raréfaction du gibier, poussé par la faim, il ose s’aventurer jusqu’à la lisière des villages où il égorge, tue et vole. D’ailleurs, il n’est pas rare  de voir le diable peint sous les traits du loup dans certaines églises de montagne. Ce grand malfaiteur était parfois considéré comme l’équivalent du Malin.

Pour lutter contre l’attaque d’un loup, il n’y avait que le fusil. Le « campagnard », vieux fusil de chasse utilisé par les Anniviards, se chargeait depuis le canon au moyen d’une baguette de noisetier. Le « chien » tapait contre la pierre à feu, de sorte que les étincelles enflammaient la poudre d’amorce contenue dans une cuvette, appelée « bassinet ». La charge se composait de poudre noire emportée dans une corne de vache évidée, de la bavure de papier ou de chanvre et d’une balle de plomb. En ce qui concerne la grenaille, également emportée dans une corne de vache, on se servait d’un bout d’étain coupé à la hache dans un vieux plat usé ou même de clous de soulier. Inutile de dire qu’il ne fallait pas rater son coup, surtout si c’était un ours, car le fusil ne se rechargeait pas en trois secondes.

Dans le Val d’Anniviers, il n’y avait pas que le fusil pour se protéger contre la crainte du loup. Jusqu’en 1875, certains conjuraient la peur de la bête par des prières. Dans la vallée, seuls les hommes allaient s’occuper du bétail dans les mayens, les femmes et les enfants n’osaient pas s’aventurer loin des villages. La peur qu’éprouvait la population pour ce dangereux canidé était réelle, alors pour se protéger on s’en remettait à la Providence divine.

Le loup des Pontis

L’histoire se passe au début des années 1800. On raconte que plusieurs personnes de Vissoie étaient tombées malades. À cette époque il n’y avait pas de médecin dans la vallée, il fallait se rendre à Sierre pour y trouver des remèdes. Or ce jour-là, il y avait urgence. Un homme de Vissoie partit à la tombée de la nuit pour aller chercher des médicaments afin de soulager les malades. À peine avait-il quitté le village, qu’il entendit les hurlements d’un loup. L’homme hésita un moment avant de poursuivre son chemin, l’envie de retourner chez lui était très forte, mais pensant aux souffrants, malgré le danger, il décida de continuer. Soudain à l’approche des Pontis, en se retournant, il aperçut un loup qui le suivait tout en gardant une certaine distance, passant une fois au-dessus du chemin, une fois en-dessous. Ce manège dura jusqu’à la sortie de Niouc. Le loup finit par disparaître sans avoir attaqué notre courageux Anniviard qui fut, on peut le penser, soulagé d’arriver sans encombre à Sierre.

De retour à Vissoie, il raconta son aventure : « J’ai été accompagné tout le long du chemin par un loup ». Quelqu’un lui dit : « Tu as quand même dû avoir une sacré frousse ». L’homme répondit fièrement : « Pas du tout ! J’avais mon chapelet en mains. Et avec mon chapelet, je n’ai pas eu peur du loup. »

La foi semble-t-il avait sauvé ce brave homme.  Il était fréquent à l’époque de rencontrer sur les chemins des vieux et des vieilles qui partaient travailler, le chapelet à la main, invoquant le Saint Père ou la Sainte Vierge, afin  que ces divinités bienheureuses les protègent des affres de la vie. Pour d’autres, un bon fusil était plus rassurant qu’un chapelet !

Traques dans la vallée

Au début du 19ème siècle, une meute de loups hantait les forêts du Val d’Anniviers. Ils devenaient de plus en plus agressifs du fait de la raréfaction du gibier et des hivers rigoureux, conséquence du Petit Âge Glaciaire.

Antoine Clivaz, le maire de Vissoie sous la Révolution, s’inquiétait fréquemment auprès du préfet du danger représenté par des prédateurs tels que sont le loup, l’ours et le lynx. Pour chasser ces animaux nuisibles, il fallait des fusils. Sous l’invasion française en Valais il n’était pas facile d’obtenir le port d’armes. Sous le contrôle des maires de commune, le préfet délivrait des permis de port d’armes et de chasse au prix de 12 francs, avec les recommandations suivantes :

« Vous veillerez surtout à ce qu’aucun braconnier ou particulier sans aveu, qui ne chasserait que par fainéantise, n’obtienne le port d’armes. La faculté de chasser est quelquefois la principale cause de la ruine de pauvres cultivateurs, pères de famille, qui abandonnent leurs affaires domestiques pour se livrer à un vagabondage toujours nuisible».

Afin de lutter efficacement contre l’éradication du loup et d'autres bêtes féroces, les autorités de Sion offraient une prime à celui qui tuait un de ces animaux nuisibles. Son Excellence recommandait au maire de Vissoie :

« Qu’il fallait dresser un procès-verbal et lui expédier la tête de la bête tuée qui serait rendue aux porteurs, dûment marquée, afin qu’on ne pût la présenter une seconde fois. Aussitôt après réception de l’un et l’autre, elle ferait payer à celui ou à ceux qui ont opéré cette destruction les 18 francs accordés par le gouvernement. »

Mais son Excellence ajoutait qu’on ne devait jamais, en pareil cas, lui « envoyer un exprès extraordinaire ». Si ceux qui avaient abattu la bête eussent voulu faire le voyage à leurs frais, ils étaient libres ; mais il ne leur sera alloué absolument que leur prime.

Le 1er mai 1812, le préfet autorisa le maire Antoine Clivaz d’organiser une battue dans les forêts de la vallée d’Anniviers afin de rechercher et de détruire les loups et autres animaux nuisibles que l’on avait aperçus les précédents jours non loin des villages. Pour cela, le préfet demanda au maire que tous les habitants du Val d’Anniviers prennent part à la traque :

« Vous désignerez ceux que vous jugerez les plus capables de la diriger ; vous aurez soin aussi que les porteurs d’armes à feu soient tous des citoyens d’un certain âge et qu’ils ne soient pas susceptibles de commettre aucune imprudence. Il ne sera rien dû aux chasseurs ; cette battue est d’un intérêt général et chacun s’empressera d’y participer dans la seule vue de se garantir personnellement et de garantir ces concitoyens du danger commun ; néanmoins, ceux qui auront tué un animal nuisible obtiendront de suite la prime donnée par le gouvernement ».

Une autre traque fut organisée au mois de juillet de la même année. Cependant, elle ne concernait que les loups et le préfet prescrivait aux chasseurs de s’exercer pendant trois jours avant de se mettre à la traque.

On ne sait pas si la battue a porté ses fruits. Mais ce que l’on sait, c’est qu’on autorisa les bergers qui gardaient les troupeaux dans les alpages éloignés de porter le fusil afin de se protéger contre les agressions des bêtes féroces. L’année suivante, à pareille époque, le préfet renouvela ses autorisations spéciales de porter le fusil pour les bergers des pacages éloignés, mais il ne pouvait accorder pour le moment la permission de prendre des marmottes « attendu que ce n’est pas un animal nuisible et que le temps de l’ouverture de la chasse n’est pas encore arrivé ».

Le dernier loup d’Ayer

Les chroniques du Val d’Anniviers ne nous disent pas ce qui est advenu des loups qui vivaient dans les forêts de la vallée au milieu du 19ème siècle. Il semble que ce grand prédateur a disparu, en tout cas, on n’en n’a plus entendu parler. Mais au mois de novembre 1870, à Ayer, un événement qui aurait pu être dramatique allait raviver la mémoire des Anniviards au sujet du loup.

L’histoire se passe sur le chemin qui conduit à l’alpage de Nava à Ayer. C’est le chemin qu’empruntaient les hommes et les jeunes du village qui se rendaient aux mines de cuivre de Bourimont au-dessus des Grands-Praz. À cette époque, les familles avaient de nombreux enfants, et pour subvenir au besoin du ménage, on envoyait parfois l’aîné travailler avec le père aux mines de cuivre qui se trouvaient à 1 heure environ du village. C’est le cas du jeune Jean Theytaz, né en 1855, qui devint plus tard conseiller communal.

Ce jour-là, il fait très froid et la neige est tombée en abondance. À Bourimont, le contremaître des mines envoie Jean Theytaz apporter des burins et des pointes pour les faire appointer chez le forgeron qui se trouve au village. Sur le chemin qui descend à Ayer, il remarque dans la neige des traces qui l’inquiètent. Tout à coup, derrière son dos il entend un hurlement effroyable qui lui glace le sang. Il se retourne et aperçoit à courte distance un loup qui lentement s’approche du jeune homme. Affolé, Jean Theytaz laisse tomber ses burins et aussitôt repère un sapin aux larges branches qu’il s’empresse d’escalader. Le loup arrive et s’assied au pied de l’arbre. Jean, complètement paniqué, a tout le temps de dévisager la bête. Combien de temps le loup est-il resté à regarder le jeune Anniviard ? Mystère. Le carnivore estimant sans doute que ses chances sont bien minces d’attraper le jeune homme, s’éloigne et disparaît dans la forêt profonde de la « Zô-Zoura ». Malgré la peur qui le tétanise, Jean, jugeant que le loup est suffisamment éloigné, quitte précipitamment sa position inconfortable pour se précipiter vers le village où il arrive complètement suffoqué. Il est blanc comme un mort et il ne peut articuler la moindre parole !

On le conduit dans la maison de ses parents, on le met dans son lit et les voisins qui l’entourent attendent qu’il reprenne ses esprits. L’angoisse dans la chambre est palpable, on pressent un malheur ! Jean ouvre enfin les yeux et reprend ses sens, et  en bégayant s’écrie : « J’ai vu le loup ». On avertit immédiatement le président qui décide d’organiser le lendemain une battue avec les chasseurs du village.  Elie Monnet et Georges Peter prennent le commandement de cette expédition ; on fouille la forêt de « Zô-Zoura » et par une chance incroyable on aperçoit le loup.  Monnet ajuste son fusil et tire. La bête s’écroule, atteinte d’un plomb qui lui fracasse une vertèbre.  Les chasseurs s’approchent et félicitent le héros. La bête bouge encore, alors on l’achève à coups de gourdin, puis on la traîne jusqu’au village. Sur la place du village, on  suspend le loup à la poutre d’un vieux raccard.

L’événement est de taille : tout le village se réunit autour de la dépouille de l’animal ; on acclame les chasseurs, on félicite Elie Monnet pour  l’exploit accompli. On dépèce le loup et dans son estomac on trouve pour toute nourriture : deux nœuds de corde.

Le « Monstre du Valais »

L’affaire du monstre du Valais qui a défrayé la chronique entre 1946 et 1948 a aussi touché le Val d’Anniviers. Au 20ème siècle, des loups isolés furent observés en Suisse, notamment dans la Val Verzasca au Tessin en 1908, puis à Lignerolle dans le Jura vaudois en 1914 et enfin à Eischoll dans le Valais en 1946.

Le 26 avril 1946, treize moutons sont retrouvés égorgés vers le bois de Finges. On soupçonne un chien de la région d’être l’auteur de ce massacre. L’animal est abattu et l’affaire est classée.

Un mois plus tard, le même scénario se reproduit à quelques kilomètres de Finges. Un chien est pointé du doigt. De  nouvelles attaques sont signalées dans la même région les 18, 21 et 25 juillet. C’est à partir de ce moment-là que la presse valaisanne se passionnera pour cette bête mystérieuse qui deviendra le « Monstre du Valais ».

On s’interroge sur l’identité du prédateur. Les premiers témoignages sont contradictoires : on y voit des chiens-loups retournés à l’état sauvage, un lynx, ou même une panthère, qu’on pense qu’elle se serait échappée d’un zoo italien durant la guerre. Les autorités prennent l’affaire au sérieux et confient au Service de la Chasse, intégré au Département de justice et police, le soin de résoudre cette délicate mission. Des battues sont organisées par les gendarmes accompagnés par des chasseurs, mesures qui se révèleront infructueuses. On trouve des morceaux de moutons un peu partout, à demi dévorés. Des scientifiques examinent les dépouilles. On se perd en conjoncture, on se chicane : « Panthère ! » Affirme l’un. « Léopard ! » Affirme l’autre. « Un chacal ! Un tigre du Tibet !» Affirment encore certains. Mais pour la plupart : « Un lynx ». Quand les bergers faisaient le guet : pas de « Monstre ». Quand les gendarmes et les chasseurs montaient la garde : pas de « Monstre », mais chaque jour on parlait de lui.

Le « Monstre » fait son entrée dans le Val d’Anniviers le 6 août 1946. Les cadavres d’un troupeau de moutons sont découverts près de Zinal. Désormais, le prédateur étend son terrain de chasse. Les autorités établissent un poste de surveillance entre le bois de Finges et l’Illsee, car il semble que ce soit un lieu de passage emprunté par l’animal pour se déplacer entre le Val d’Anniviers et le Val de Tourtemagne. Le 20 août, cinq moutons sont retrouvés morts au-dessus de Chandolin. Une jeune fille trouve devant la porte d’une étable un mouton couvert de sang. Elle se met à crier. Les villageois accourent. Les pâtres, alertés, montent à la recherche des autres moutons. Ils en découvrent plusieurs à moitié dévorés. Le 25 août un porc à Ayer est attaqué.

Au mois de septembre de grandes battues sont organisées. Les chasseurs sont au rendez-vous ! Une prime de 300.- fr est offerte par le Conseil d’Etat pour la dépouille de la bête. En vain, les traques ne donnent aucun résultat. En l’espace de sept mois, le « Monstre» a massacré 170 têtes de bétail. Les dégâts sont considérables et l’Etat du Valais décide d’élever la prime à 500.- frs pour celui qui capturera ou abattra ce grand prédateur.

L’année suivante, les autorités déplorent deux attaques pendant le mois de juin 1947. La première est signalée dans la région de Tourtemagne et la victime est un bouc de deux ans. La seconde concerne onze ovins tués sur l’alpage de Tracuit près de Zinal. Ce fond de vallée est encore touché début juillet : 10 moutons et une chèvre sont tués sur l’alpage de Cottier. Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1947, à l’alpage de Lirec, un veau de la race d’Hérens âgé de  10 mois, a été attaqué et tué par une bête inconnue. L’animal avait le ventre ouvert et les entrailles complètement dehors. La cuisse gauche était en partie dévorée. L’Abbé Mariétan, le naturaliste très connu, en séjour à Zinal, s’est rendu sur place pour examiner le veau. Il conclura que l’animal a été attaqué par un lynx ou un loup. Un chien n’aurait pu attaquer un veau d’une telle grandeur. Suite à cette attaque, les autorités délivreront une autorisation de port d’armes à deux bergers de la région pour défendre leur troupeau.

Le 15 septembre, le capitaine Schnell observe pendant un certain temps un animal non loin du Col de Torrent entre le Val d’Hérens et le Val d’Anniviers. Il tire sur l’animal avec son pistolet de service mais sans avoir eu l’impression de l’avoir touché. Le témoignage qu’il fera sera l’un des plus précis jusqu’à présent. L’animal mesure 1 mètre de long sans la queue et 50 cm de haut. Son poil est brun-roux, sa queue est longue et son museau ressemble à celui d’un loup. L’animal est rapidement identifié, car les bergers de Châteaupré ont découvert un cadavre avec un projectile dans le cou. Il ne s’agit pas du monstre redouté mais d’un renard.

Au mois de novembre 1947, Marinus Brunner d’Eischoll abat une vache pour la boucherie et laisse les entrailles du ruminant près de sa grange. Le soir il observe deux animaux à proximité des lieux et avertit son neveu Albin Brunner. Le lendemain, Marinus et Albin, armés d’un fusil, se cachent dans la grange avec l’espoir d’abattre ces prédateurs. En fin de soirée leur patience est récompensée, car une bête passe à plusieurs reprises devant eux. Un des hommes attend que sa proie soit suffisamment proche et tire à une distance de 50 mètres. L’animal s’écroule avant d’être achevé à coups de crosse.

Le lendemain matin, ils avertissent la gendarmerie de Rarogne et la dépouille est transportée dans les bureaux de la Police cantonale de Sion. Ignace Mariétan vient examiner la bête qui pour lui présente tous les caractéristiques d’un loup. On hésite encore, est-ce un loup ou un chien-loup ? Le soir même le cadavre de l’animal est expédié au Musée d’Histoire naturelle de Genève qui confirmera deux jours plus tard que c’est bien un loup. Soulagé, l’Etat du Valais versera à Albin Brunnner la prime de 500.- frs qu’il méritait pour avoir débarrassé le Valais de ce dangereux loup.

Mais l’histoire ne se termine pas là, car l’homme qui délivra du pays le « Monstre », n’en retira aucune gloire, son portrait ne parut jamais dans les journaux. Ce fut son neveu Albin, celui qui n’avait pas tué le loup, qui parut partout dans les illustrés, portant sur son épaule le loup, le fusil à ses pieds. Le neveu avait le permis de chasse, tandis que Marinus se permettait de temps en temps de braconner……

Par Jean-Louis Claude, Zinal

 

 

 

 

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